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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 14:44

 

 

Pauvre Saint-Exupéry ! Lui qui demandait à la fin de sa merveilleuse histoire qu'on le prévienne si le Petit Prince était de retour, il serait bien affecté, je pense, de voir comme l'on a dévoyé son héros à des fins sommes toutes mercantiles !

Car depuis les fêtes de Noël, le Petit Prince est de retour !  Après être revenu sous la forme d'images de synthèse sur France 3 dans une série d'animation proposée aux jeunes téléspectateurs pendant les vacances, il fait aussi l'objet d'une adaptation de ladite série par Gallimard jeunesse, dans la collection Folio Cadet .

Le scénario étant adapté par Fabrice COLIN, j'ai tenté cette lecture de La Planète du Temps...

 

A contrecoeur, dois-je avouer, car ma tendresse pour l'étrange petit bonhomme n'a d'égale que la méfiance que j'ai ressentie en découvrant " l'ouvrage"...

Et je dois avouer, une fois encore, que cette méfiance était fondée puisque je n'ai pas pu aller au bout de ma lecture! Outre les illustrations  directement tirées de la série, aux antipodes des superbes aquarelles de l'auteur, l'essence même de l'original est malmenée.

 

         Ce Petit Prince, qui n'a à mon sens rien de commun avec celui de Saint-Exupéry, flanqué d'un renard égocentrique, arrive, à bord d'un avion, sur la Planète Temps...

       Il poursuit le Serpent qui a tenté de séduire la Rose... Mais éconduit par cette dernière, il part semer la zizanie dans toute la Galaxie...secondé dans sa sombre mission par une escouade d'Idées Noires.... Mouais ...

   Et le Petit Prince de se changer en super-héros-vengeur-masqué qui sauve l'univers en donnant vie aux dessins contenus dans son carnet en soufflant dessus... Excusez du peu, madame!

    Ajoutez à cela quelques créatures échappées du monde de la Fantasy ( Tichronos et autres Drachronos...) et vous comprendrez que la quête du Grand Horloger qui lui seul peut relancer le cours du temps sur la planète m'a laissée perplexe... Voire pantoise...

 

   Car il est des monuments auxquels on ne peut décemment pas toucher. Et,  pour moi ,Le Petit Prince de Saint- Exupéry en est un. 

   Point de Salut, donc , pour ce roman jeunesse de moindre qualité. Quant à Fabrice COLIN, on peut légitiment se demander       " mais qu'allait-il faire dans cette galère...?".

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 14:01

 

 

   Tout semble sourire à Ethan Muller , la trentaine, issu d'une famille qui a fait fortune au delà de toutes espérances , marchand d'art contemporain... Il partage son temps entre sa galerie qui accueille les expositions de jeunes artistes prometteurs et sa maîtresse, de quinze ans son aînée , qui exerce le même métier...

   Sa vie bascule le jour où l'homme de main de son père le contacte  pour lui demander de venir jeter un coup d'oeil à des cartons  pleins de dessins époustouflants retrouvés au fin fond d'un immeuble miteux... Ethan, méfiant,s'imagine qu'il s'agit d'une ruse afin de le rapprocher de son père avec lequel il est en froid depuis longtemps... Mais la curiosité le pousse à voir de quoi il s'agit , et il ne le regrette pas... Les milliers de dessins qu'il a sous les yeux, signés Victor Crack, sont l'oeuvre d'un génie ... Lequel génie reste aussi introuvable que mystérieux... Qu'à cela ne tienne, Ethan décide d'exposer cette oeuvre indescriptible dans sa galerie...

Peu de temps après le vernissage, il reçoit un appel d'un policier en retraite qui l'informe que sur le dessin central de la fresque exposée, les chérubins qui font la ronde ont exactement les visages de cinq jeunes garçons morts après avoir subi des violences sexuelles quelques décennies plus tôt...

 

      Lorsque j'ai trouvé ce livre dans mes souliers à Noël, j'ai trouvé la 4° de couverture un peu racoleuse , quoi qu'assez engageante... Mais je suis une trouillarde qui déteste les histoires qui mettent mal à l'aise ou qui font peur... Et un serial killer qui s'en prend à des jeunes enfants ne me disait rien qui vaille... Armée de mon livre et de mon courage ( certains sont bien vêtus de probité et de lin blanc!) , je me suis calée près de mon Cher et Presque Tendre ( " Euh, tu fais quoi là, exactement ?"  "Ben, j'vais lire un livre qui fait peur... alors, euh, ben , voila quoi, ça fait peur..." , " C'est TOI qui fait peur"...).

     Et j'ai attaqué ma lecture....sans arriver à lacher livre de nombreuses heures plus tard ... Car en fait, cette sombre histoire de tueur en série n'est qu'un vague prétexte -  qui a cependant une place capitale dans l'intrigue, hein, attention!- au récit de ascension sociale d'une famille d'émigrés allemands aux Etats Unis au début du XIX° siècle...

   Les chapitres racontant la saga de la dynastie Muller s'imbriquent comme autant de pièces d'un gigantesque puzzle dans la quête qu'Ethan entreprend... Il en apprendra beaucoup plus qu'il ne le pense sur lui-même...

 

 

 Mêlant à une réflexion sur l'art contemporain l'importance des secrets de famille et de leur poids sur des générations entières, ce premier roman de Jesse Kellerman est très agréable à lire... et l'avenir de son auteur assez prometteur ! Affaire à suivre!

 

  

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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 22:57

 

    Il y a 15 jours de cela, je suis par hasard tombée sur l'émission littéraire d'Europe 1, et l'enthousiasme de la chroniqueuse quant au dernier roman de Philip ROTH  m'a littéralement conquise! Depuis le temps que je désirais lire cet auteur, ce livre était forcément le bon...

   Je n'ai donc pas mis longtemps à faire la connaissance de Marcus MESSLER, 19 ans au début du roman, dont l'action se situe aux Etats Unis en 1951... Fils d'un boucher kasher qui peu à peu tombe dans une forme aigue de paranoïa, Marcus décide de s'émanciper quelque peu et part trouver un peu d'indépendance à des centaines de kilomètres de chez lui, dans la petite et ultra traditionnaliste université de Winesburg, où il aura énormément de mal à trouver sa place...

 

   Chronique acide et acerbe d'une Amérique profonde et conventionnelle en pleine guerre de Corée, ce roman offre des perspectives sociologiques indéniables... Et dans un style non dénué d'humour qui m'a beaucoup séduite, jusqu'au 3 /4 du livre...

   Mais la fin , hélas, m'a déçue ... Baclée à mon sens, elle n'apporte aucune réponse à des nombreuses questions restées en suspens... Le dénouement arrive comme un cheveu sur la soupe, à une vitesse vertigineuse, qui m'a fait refermer le livre s'en m'être vraiment rendu compte qu'il était terminé... Et j'ai horreur de rester sur cette impression ...

Qu'en est-il d'Olivia? Qui a réellement saccagé la chambre de Marcus? Pourquoi annoncer que Cottler est à l'origine de sa perte ? Bref, j'ai du passer à côté de quelque chose, focalisant sur des points de détails qui sans doute n'en valaient pas la peine...

 

   Mais une fois de plus, le style de monsieur Roth m'a titillée au point d vite vite renouer avec son écriture, afin de ne pas rester sur une mauvaise impression...

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 15:18

"  C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et , si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles "....

 

    Dès l'incipit, le ton est donné.... Fin XVIII° / Début XIX°, à Longbourg, Angleterre...Mrs Bennet doit marier ses 5 filles... DOIT, car c'est l'unique voie de Salut pour un jeune fille de bonne famille à cette époque. Et lorsqu'on en a cinq à caser, c'est une préoccupation de tous les instants, pour ne pas dire une idée fixe chez ce personnage aux frontières de l'hystérie... Or le charmant et riche Mr. Bingley vient justement d'emmenager dans un manoir voisin du cottage des Bennet, et il semble trouver un petit quelque chose à Jane, l'aînée des cinq soeurs... Mais que dire de ce Mr. Darcy, hautain, pédant, froid, qui juge à l'emport- pièce le voisinage de Bingley ? Il faudra toute la fraicheur, l'impertinence et l'ironie d'Elisabeth Bennet pour comprendre les douloureux secrets d'un homme victime de son orgueil et de ses préjugés...

     Pourquoi personne ne m'a jamais dit que je passais à côté un chef-d'oeuvre en ne lisant pas Orgueil et préjugés de Jane AUSTEN ???

     Pourquoi personne ne m'a dit que c'était faire affront à la littérature anglaise que de ne pas lire ce roman?

      Comment se fait-il qu'à aucun moment une âme charitable n'a hurlé au scandale devant tant d'ignorance?

  Car il FAUT absolument lire ce roman... Il est en effet criminel de passer à côté de ce texte ! Quelle galerie de portraits s'offre à nous à la lecture de ce roman ! Le couple Benntt, notamment, à l'origine de réflexions mordantes sur le mariage :

 

" La seule chose dont il ( Mr.Bennet) fût redevable à sa femme ,était l'amusement que lui procuraient son ignorance et sa sottise. Ce n'est évidemment pas ce genre de bonheur qu'un homme souhaite devoir à sa femme, mais, à défaut du reste, un philosophe se contente des distractions qui sont à sa portée."

So british... tout comme cette réflexion  lorsque son épouse se lamente , suite à une clause testamantaire injuste qui dépossèdera les femmes de la famille de leur maison à la mort de Mr.Bennett :

"- Oui , Mr.Bennet, il est trop dur de penser que Charlotte Lucas sera un jour maîtresse de cette maison et qu'il faudra m'en aller pour lui céder la place.

- Chère amie, écartez ses pensées funèbres . Flattons-nous plutôt de l'espoir que je vous survivrai."

  

  Peinture sociale juste et précise d'une époque où mariage et argent sont deux fins en soi, l'histoire vous transporte grâce à une écriture limpide . Le couple phare formé par Elisabeth et Darcy nous transporte dans un chassé-croisé amoureux rondement mené, et parfois les péripéties sont tellement présivibles qu'on ne peut s'empêcher de sourire en les  découvrant ! Bref, on ne s'ennuie pas un instant !  Un gros coup de coeur! ♥♥♥

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 17:39

    Dans le premier tome, une troupe d'aventuriers aussi hétérogène que délurée tente désespérément de retrouver une statuette retenue par l'infâme et néanmoins très très méchant maître du donjon de Naheulbeuk... Ils ont combattu vaillamment des orques, des gobelins, un troll , se sont perdus dans le labyrinthique donjon, se sont loupé aussi en se lançant mutuellement quelques flêches mal placées et des sorts dangereux , pour finalement atterrir dans une taverne sans avoir aperçu ne serait-ce que l'ombre de la statuette tant convoitée... La trouveront-ils enfin dans ce tome deux....?

 

      Et ben c'est pas sûr... En revanche, ils partiront sans payer l'addition , le ranger se prendra un rateau , l'elfe sauvera la vie du nain qui ne l'en détestera que davantage, l'ogre se mettra à la musique, tous les personnages - ou presque !- changeront de niveau, l'elfe tombera amoureuse et gagnera un bonnet de soutien gorge supplémentaire ( sans relation de cause à effet!)....

  

     Bref, ce deuxième tome, vous l'aurez compris, est tout aussi loufoque et hilarant que le premier... Certains personnages gagnent en épaisseur ( et je ne dis pas cela pour l'elfe - enfin, pas que- ) et l'avancée de leur quête laisse présager un tome 3 dans la lignée des deux premiers...

 

   A savourer, donc, sans modération!!!

 

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 14:36

      Après mon" Coup de Coeur Roman" d'hier, voici mon" Coup de Coeur BD" du jour !  

 

    J'ai offert, à l'occasion de notre anniversaire de mariage, les deux premiers tomes de cette série à mon cher et presque tendre , et l'entendant se bidonner de rire - chose extrêmement rare chez mon ours grognon - je me suis jetée sur l'objet du délit! Et Dieu que j'ai eu raison!

   Il y a bien longtemps que je n'avais pas ri comme ça à la lecture d'une BD... Me voila donc partie à la recherche de quelques infos sur les auteurs et la saga...

 

1) Où l'on apprend qu'avant d'être une BD, Le Donjon de Naheulbeuk était une série MP3, d'accès gratuit , dans la lignée des  2 minutes du peuple  de François Pérus... Ce qui explique les dialogues tordants, le ton décalé, les jeux de mots improbables...

 

2) Où l'on découvre qu'il s'agit d'une parodie de jeu de rôle du type Donjons et dragons. Tout y est , à commencer par une équipe de bras-cassés ,auto-proclamés  aventuriers qui doivent absolument réussir leur quête :" Il est écrit dans les tablettes de Skélos que seul un gnome des Forêts du Nord unijambiste dansant à la pleine lune au milieu des douze statuettes de Glandeulfeurha enroulé dans du jambon ouvrira la porte de Zaral Bak et permettra l'accomplissement de la prophétie". C'est donc à la recherche de la 12° statuette que se lancent un ranger au regard d'acier, un barbare brutal, un ogre impitoyable, une magicienne aux cheveux de feu , une elfe agile et rusée, un voleur perspicace et un" nain comme les autres " ( " oui , mais moi, j'y vais rien que pour  emmerder l'elfe! " ). Stéréotypés à outrance, les personnages donnent le ton....

   

3 ) Où l'on retrouve des références culturelles . Outre les jeux vidéo ( et les passages obligés comme la " boutique" où l'on se procure un équipement du tonnerre ou la fouille des cadavres après la bataille pour récupérer des objets aussi inutiles qu'encombrants " mais euh , je pourrai toujours le revendreuh"- les habitués comprendront...), on déniche parfois des références déroutantes, au Seigneur des Anneaux en particulier...

   Le trait de crayon donne aux aventuriers un aspect naïf et rondouillard qui colle à merveille à la parodie, et les différents points de vue ( en plongée notemment ) accentue le lien avec les jeux vidéo...

 

Très très drole, cette BD est à mettre d'urgence entre toutes les mains!!!

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 16:39

    Avant toute chose, je tiens à remercie Stéphie de Mille et Une pages qui a eu la gentillesse de faire faire une étape chez moi à son livre voyageur...

 

     Je sens que je vais avoir beaucoup de mal à écrire un billet sur ce livre qui m'a particulièrement touchée... Il m'est infiniment plus facile de critiquer un ouvrage que d'en faire l'éloge, que d'expliquer pourquoi il m'a plu... Et la difficulté de la tâche est proportionnelle au plaisir éprouvé...

 

    La guerre de Troie est un sujet que bien des auteurs et cinéastes ont traité... Mais aucun, me semble-t-il , n'a cherché à l'évoquer à travers le regard de la principale intéressée , l'élément déclencheur, Hélène... Hélène de Sparte... Hélène de Troie...

Il n'y a rien d'étonnant, dès lors, à ce qu'une femme , jeune ( 19 ans ) mais talentueuse ( c'est son premier roman) décide de lui donner la parole à travers sa plume, au moyen d'une écriture poétique , et paradoxalement assez dure....

 

     Ces Mémoires d'une catin , c'est l'histoire d'Hélène, racontée par Hélène... Sa jeunesse difficile à Sparte, ignorée par ses frères , Castor et Pollux , qu'elle vénérait et qui n'avaient d'yeux que l'un pour l'autre... Une mère froide et distante qu'elle n'a jamais appelée " maman", un père obnubilé par son trône... C'est à peine s'ils réagissent lorsqu'enfant elle est enlevée et subit une tentative de viol... C'est donc désespérément seule qu'Hélène découvre la vie et ses tourments, ses vicissitudes...   Elle se forge un caractère de pierre... Cette expression prenant une allure de leitmotiv tout au long du roman...

 

     Elle sera beaucoup - et mal - aimée... Les hommes se succèdent dans son coeur, et dans son lit, au gré des conflits et des négociations... Un simple soldat, Diomède, Pâris et bien d'autres ... Elle aimera sincèrement, plusieurs fois , et trouvera l'amour là où elle ne l'attendait pas , plus....

   De Sparte à Troie, les destins croisés d'hommes et de femmes qui ne maîtrisent en rien leur destinée provoquent la  terreur et la pitié jadis évoquée par Aristote ... Comment ne pas penser ,en effet, à l'histoire d'Enée et de Cassandre , dramatique, qui se déroule parallèlement  aux dernières années de Troie, jusqu'à y voir , sans doute, la métaphore de la destruction de la cité...

 

   J'ai eu beaucoup de mal à lâcher ce livre, chose suffisamment rare pour être signalée. J'ai retardé l'échéance , savourant chaque page avec délectation... Parfois bouleversant ( la mort de Patrocle, celle d'Hector, d'Achille également , qui feraient frémir d'horreur les puristes m'ont vraiment retournée) , cette histoire montre une Hélène fragile et forte cependant, dont le destin ne peut laisser de marbre, comme si elle frôlait le bonheur du bout des doigts, et le laissait s'échapper alors qu'il était à sa portée... Une bien belle et bien triste histoire, portée par un style et une langue impeccables, au vocabulaire riche et pointu , aux métaphores justes et poétiques...

 

   Allez vite faire un tour chez Stéphie afin de découvrir son avis sur ce livre... Moi je la remercie encore une fois pour cette belle découverte!!!

 

                 

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 22:38

 

   Il y a bien longtemps que je n'avais eu pareil coup de coeur pour un roman... A la fois grave et léger, drôle et tragique, quelle belle histoire d'amour que celle d'Harold et Maude...

 

Ce que nous dit la 4° de couverture:

 

   Harold, jeune homme riche, a une imagination délirante. Ses passe-temps favoris: rouler en corbillard et mettre en scène de faux suicides. Maude, elle, aime les cimetières , mais adore la vie. Elle pose nue pour un sculpteur qui travaille sur un bloc de glace, conduit sans permis, vole des voitures... Elle est pour Harold la femme idéale. Mais il y a un " mais"... Lui a dix-neuf ans, elle soixante-dix-neuf !

 

   Quelle belle philosophie que celle de Maude ! Quelle fraicheur, quel dynamisme, quel humour aussi... Inverse absolu d'Harold, ce personnage solaire rend ce roman truculent, son caractère espiègle porte l'histoire aux frontières du délire ... Elle enfreint les règles avec une joie délectable, mais profondément marquée par sa déportation dans un camp de concentration, elle décide de jouir de l'essence même de la vie...

 

     Optimiste à souhait, elle dévore chaque seconde et m'a rappellé le prof de Lettres du Cercle des Poètes Disparus qui recommandait à ses élèves de toujours changer son point de vue sur le monde, au sens propre comme au figuré... 

 

Et que dire du morbide Harold... Chacune de ses apparitions ayant suscité chez moi une envie de rire incontrôlable... Archétype du flegme britannique, il soigne avec une attention particulière chacun de ses pseudo-suicides...  Au grand désespoir de sa mère, qui de prêtre en psy cherche de l'aide pour comprendre le mystère de la nature que représente son fils pour elle...

 

  L'amour qui unit ces deux là est aussi improbable que sublime, C.Higgins nimbe de pudeur leur histoire, ce qui ne rend la fin que plus terrible...

 

Désuet parfois, charmant toujours, Harold et Maude est une belle découverte... Le roman étant adapté d'un film fort célèbre des années 70 , je me fais fort de partir à la recherche du DVD, afin de vérifier si à l'écran , la magie opère encore...

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 00:01

 

   Ana, Cristina et Rosa sont trois soeurs qui n'ont en commun que leur nom de famille, et l'abandon d'un père dans leur prime jeunesse qui a foutu leurs vies en l'air...

 

   Ana, mère de famille rangée ( en réalité maniaco-dépressive, accro au Valium)  ne supporte plus son existence et porte - très difficilement- un lourd secret . Elle ne comprend pas le monde dans lequel vit sa jeune soeur, sorte de dimension parallèle pour elle...

 Cristina, une petite vingtaine d'années,  nuit et jour défoncée à l'extasy et autres produits stupéfiants, travaille dans un bar et fréquente le Madrid underground... Accompagnée de sa meilleure amie anorexique, elle se perd dans le sexe et la musique techno, entraînée dans une spirale mortifère depuis la mort d'un ami proche et le départ de son petit ami qui l'ont laissée brisée...

   Quant à Rosa, c'est l'archétype de l'executive woman, qui a réussi avec brio sa vie professionnelle, mais qui désespérément seule à l'aube de la trentaine , noie son chagrin et oublie que sa vie est en fait un échec dans le Prozac...

 

   Les voix des trois soeurs s'entrecroisent dans ce roman ( qui semble avoir fait l'objet d'un film dont je n'ai jamais entendu parler...), commentant le présent, revenant sur les évènements marquants de leur enfance ( le départ du père, bien sûr), leurs rapports particuliers à la mère, et au sexe qui est omniprésent dans ce livre ( à noter d'ailleurs le fabuleux chapitre initial, longue description de tous les aspects que peut avoir le sexe masculin, assez déroutant de prime abord...), et en point d'orgue, la perte de leurs virginités respectives, qui éclaire bien des aspects de leurs caractères et de leurs existences...

 

   Un roman assez étrange, surprenant, déroutant parfois de part l'exploitation du thème du sexe dans l'histoire, assez cru, sans concessions... Un livre à la fois tendre et violent, best seller en Espagne. Mon coup de coeur de l'été.

 

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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 10:55

    Ce jeune homme qui rentre à l'issue d'une nuit blanche passée avec les derniers fêtards d'un mariage ignore, en regagnant sa demeure, que le destin l'attend et qu'il mourra poignardé. Pourtant, tout le monde le sait, et Santiago Nasar, livré à ses bourreaux avec l'assentiment collectif, sera victime de ce crime d'honneur. Qu'il soit coupable ou non, il n'échappera pas à cette mort annoncée. Car la mariée n'était plus vierge. Honteusement répudiée, et sommée par ses frères de nommer le coupable, elle a désigné Santiago Nasar....

 

    Depuis longtemps ma copine Manue-du-CDI me tannait pour que je lise , disait-elle , ce " petit bijou"... J'ai une fois de plus suivi son conseil avisé , et grand bien m'en a pris....

 

    L'atmosphère lourde et pesante de ce roman, due en grande partie à l'intrigue, se trouve décuplée par le décor étouffant, chaud du  village colombien de Santiago Nasar... Car on étouffe... On étouffe de voir un jeune homme d'une vingtaine d'années marcher droit vers sa mort, de façon inexorable... On étouffe de voir tout le village rester impassible devant ce crime annoncé, de voir que pas un ne fera le geste , ne dira le mot qui le sauvera... On étouffe à la lecture de l'autopsie du corps de Santiago Nasar, accompagnée de détails crus qui choquent la plupart des sens... On étouffe des coups reçus par Angela, répudiée par son mari, frappée par sa mère, menacée par ses frères... On étouffe encore devant ces jumeaux, tiraillés par l'honneur et le sens du devoir, qui clament à qui veut l'entendre qu'ils vont tuer Santiago Nasar, espérant que quelqu'un arrête leur course folle... Ce qui n'adviendra pas... Car il est écrit que Santiago Nasar doit mourir, coupable ou innocent...Onétouffe, et on en redemande...

 

   Ce récit court, porté par la voix d'un ami proche de Santiago Nasar, se présente comme une enquête, afin de mettre à jour le déroulement de l'histoire, à travers les souvenirs et les témoignages des principaux acteurs et témoins...Il faut être un brin masochiste pour apprécier ce roman, mais comment ne pas succomber à l'écriture de Garcia Marquez ( qui dans une certaine mesure m'a rappelé celle de Graham Green...) , ne pas s'attacher à ses personnages débordants d'humanité ( les figures féminines du roman étant particulièrement intéressantes, Angela, Maria-Alexandrina, la putain au grand coeur....)... Et un coup de chapeau à l'auteur pour avoir su trouver les mots justes, en toute fin de roman, pour clore l'histoire d'amour  avortée entre Angela et son mari d'un jour,Bayardo San Roman...

  

    Il eut en effet été dommage de passer à côté de ce livre, qui me donne envie de découvrir au plus vite des titres tels que Cent ans de solitude ou L'amour aux temps du choléra... De quoi occuper tout un été....

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