Le chemin de traverse

Depuis des mois, Simon, un ancien élève, tente désespérément de me convertir aux mangas ... Dieu sait qu'il y consacre de l'énergie, n'hésitant pas à farfouiller au fond de sa bibliothèque pour trouver la perle rare... Mais rien n'y fait ... En dépit d'une bonne volonté indéniable de ma part, je n'accroche pas, mais alors pas du tout ... Pourtant, les deux dernières séries qu'il m'a proposées auraient pu combler mes attentes, puisque bâties sur le modèle des 10 petits nègres d'Agatha Christie... Et pourtant... J'ai rapidement laissé tomber Rabbit Doubt, tout comme King's Game... Le premier met en scène des étudiants nippons qui ont pour point commun de participer à un jeu de rôle en ligne: Rabbit Game .

Pour faire simple, les joueurs sont des lapins , et l'un d'eux est secrètement désigné comme étant le loup. Le loup dévore les lapins tour à tour, ces derniers doivent bien évidemment essayer de le démasquer au plus vite. La découverte du loup ou la mort de tous les lapins marque la fin de la partie. Or, ces jeunes japonais se retrouvent prisonniers dans un hôpital désaffecté et meurent les uns après les autres.... Le virtuel est rattrapé par la réalité et la partie se joue dès lors in situ ...

Scénario proche pour King's Game, puisque cette fois c'est toute une classe de seconde du lycée préfectoral de Tamaoka qui se trouve piégée par un mystérieux roi qui via les téléphones portables envoie des gages aux élèves... Gare à celui qui n'exécute pas le gage, puisqu'il meure, ni plus , ni moins ... Si les élèves prennent au départ le jeu à la légère, les deux premiers décès les font rapidement déchanter, les crises s'enchaînent, les inimitiés s'exacerbent vite... Il faut dire que les gages plutôt bons enfants au départ ( toucher les seins d'une camarade ou l'embrasser, par exemple) , tournent vite au cauchemar ( avoir des relations sexuelles avec tel ou tel élève, tirer des papiers ou voter pour désigner la prochaine victime) . Bref, de la perversion à l'état pur, qui jongle avec la folie ... Sur le papier, cela semble alléchant, mais la longueur des histoires qui les emmènent sur plusieurs tomes est pour moi rédhibitoire, et après quelques recherches sur le net, j'ai découvert que les fins des deux séries étaient complètement rocambolesques et tirées par les cheveux. Ajoutez à cela que je n'aime pas le graphisme, et le tour est joué! Désolée, Simon, j'ai fait mon possible, mais je retourne à mes classique!

Comme le premier mardi du mois, chez Stéphie, c'est permis, j'ai voulu lire Beautiful Bastard, alléchée par la 4° de couverture ( toujours se méfier des 4° de couverture...) où l'on pouvait voir des avis publiés dans Elle ( " Encore plus chaud que Fifty Shades" ) ou L'Express ( " Avouons-le : vivement la suite") ... Avis, j'en suis à présent persuadée, écrits par des élèves de 3° venues faire leur stage de découverte des métiers au sein des deux rédactions...

Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé... Enfin, je me suis ennuyée à mourir, mais vraiment ... Certes, les scènes de cul commencent bien plus tôt que dans Fifty Shades, mais se résument à Chloé - étudiante canon et brillante en stage de fin d'études dans une multinationale mondialement reconnue - se fait sauter par son irascible et néanmoins trop canon lui aussi patron, Bennet ( ouais, désolée...)- dans la salle de réunion, dans l'ascenseur, dans l'escalier, dans la voiture, dans la salle de bain de la demeure familiale, dans l'avion - ah non, l'avion, elle veut pas car elle fait la gueule- dans la chambre d'hôtel ... Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants...

Même les personnages des nouvelles du Passion Intense que je lis pour le mois prochain - quelle abnégation!- ont à mon humble avis plus de consistance ... J'entends déjà Stéphie se moquer en me disant que dans ce genre de bouquin, on n'attend pas des personnages qu'ils aient de la consistance mais plutôt un membre bien développé et des nichons de compét - c'est le cas, rassure-toi!- mais là, franchement ... non mais franchement ... Ce qui m'a gavée aussi c'est la pub faite pour une ligne de lingerie omniprésente dans livre, puisque le héros, un brin fétichiste, déchire et collectionne les culottes portées par l'héroïne.... Allez, j'arrête là, et passe mon tour pour la suite de leurs aventures...

~~23 décembre 1980. Un avion de ligne reliant Istanbul à Paris vient se crasher sur le mont Terrible- qui n’a jamais si bien porté son nom ! en plein cœur du Jura … Une seule rescapée, une petite fille de 3 mois … Et le début d’une longue descente aux enfers pour tous les protagonistes de l’histoire …. Car à bord de cet avion se trouvaient deux enfants du même âge, de sexe féminin toutes les deux , et que strictement rien de peut aider à déterminer si la minuscule rescapée est Lyse-Rose de Carville ou Emilie Vitral … La justice tranchera mais les familles supposées du bébé vont s’affronter bien au-delà des décisions judiciaires, et s’entre-déchirer pendant 18 ans , frôlant la folie, flirtant avec la mort … A travers le témoignage de Crédule Grand-Duc, détective privé chargé de l’enquête depuis les débuts, mais aussi en suivant la course contre la montre de Marc Vitral, ce récit mêle les évènements anciens aux faits actuels ( l’année 1998 pour être plus précise) … Car il y a urgence . La jeune Lylie, 18 ans à peine, semble sur le point de commettre l’irréparable, et seule la vérité peut l’en empêcher…

En dépit de personnages on ne peut plus caricaturaux et de ficelles grosses comme le bras, je peux vous dire qu’on tombe sans peine dans les filets de l’auteur et qu’on en redemande .. . Rondement mené malgré ses imperfections, on se laisse prendre au jeu de mener l’enquête nous aussi, de chercher au fil des pages l’indice, l’ultime, celui qui viendra mettre la lumière sur les faits plus rocambolesques les uns que les autres … Bref, on a du mal à poser ce roman , même si on n’y croit pas une minute !

Il est des livres qu'on ne referme qu'à regret, après les avoir lus d'une traite, après en avoir savouré chaque mot, chaque virgule, saisi d'une émotion intense au contact de la langue, fluide et dure à la fois , navré de laisser s'échapper des personnages aussi familiers qu'inconnus finalement.... Le Confident d'H.Grémillon est de ceux-là ...

Camille, 35 ans, vient de perdre sa mère . .. Démunie, elle semble toucher le fond, fragilisée par une grossesse qu'elle va devoir assumer seule, mais qu'elle désire désespérément, au plus profond d'elle même ... Alors qu'elle semble perdre le contrôle de sa vie, elle va voir son existence bouleversée par une étrange missive, perdue parmi les lettres de condoléances de circonstance ... Un manuscrit qui lui raconte la vie de protagonistes ayant vécu quelques décennies auparavant, à l'aube de la seconde Guerre Mondiale... Tous les mardis, durant des semaines, Camille trouvera dans la boite les lettres dans lesquelles Louis retracera sa vie, mais par dessus tout celle de la jeune et belle Annie dont il était fou amoureux et qui se sacrifia par amitié pour la mystérieuse Madame M. Stérile, cette dernière devenait folle de son manque d'enfant, et Annie proposa de porter pour elle ce bébé tant espéré ... Pour le meilleur et pour le pire ... Surtout le pire .

Ce roman polyphonique mélange l'histoire personnelle de Camille, l'histoire de Louis qui contient elle-même le récit fait par Annie, auxquels viendra se joindre , au milieu du roman, un nouveau témoignage qui fera voler en éclat les certitudes acquises jusqu'alors, offrant à l'intrigue un autre point de vue, nous rappelant de ne jamais s'en tenir qu'aux circonstances connues ... Une dernière voix, poétique et touchante viendra clore cette histoire qui tient son lecteur en haleine jusqu'au dernier moment . Jusqu'aux toutes dernières lignes ...

Ce roman plein d'amour et de cruauté - tout comme l'amour sait parfois être cruel et douloureux- interroge sur la maternité; sur le sacrifice maternel, sur la douleur d'aimer ...